Le terme d’officine n’est pas celui que nous entendons le plus dans le langage courant. Nous parlons en effet plus facilement de pharmacie. Mais alors, qu’est-ce qu’une officine ?
L’officine de pharmacie est le lieu ou le pharmacien vend, entrepose et prépare les médicaments. Nous nous y rendons après être passés chez le médecin (ou un professionnel de santé) muni d’une ordonnance ou pour nous procurer des médicaments et produits de santé en libre-service.
Le fonctionnement d’une pharmacie a beaucoup évolué dans le monde, comme en France, depuis ses prémices. Aujourd’hui, la profession de pharmacien et l’achat ou la vente d’une pharmacie sont strictement règlementés par le droit français.
Point historique sur les pharmacies en France
Avant de s’intéresser plus amplement aux règlementations relatives aux officines de pharmacie en France et à leur fonctionnement, il est intéressant de faire un petit point historique des pharmacies afin de mieux comprendre leur évolution.
Dès le néolithique, l’art de guérir apparaît avec la décoction de plantes (pavots, valériane, camomille) et des extraits d’animaux (glandes surrénales). Dans l’antiquité, la médecine et la pharmacie se séparent déjà en deux disciplines distinctes avec Rhazès, un alchimiste devenu médecin. A partir du Moyen-à‚ge et jusqu’au XVIIIe siècle, la confection des remèdes est confiée à l’apothicaire. Il faudra en effet attendre 1777 en France pour que les apothicaires (encore alors souvent associés avec les épiciers) deviennent des pharmaciens. L’apprentissage de la pharmacie commence ainsi à être davantage règlementé.
Deux emblèmes représentent la pharmacie en France : le caducée et la croix verte. Le caducée, coupe entrelacée d’un serpent représente Hygie, la déesse de la santé donnant à boire au serpent du temple d’Epidaure.
Aujourd’hui, près de 75 000 pharmaciens sont inscrits à l’Ordre des pharmaciens. Le domaine de la pharmacie est divisé en plusieurs secteurs :
- la pharmacie en officine ;
- l’hôpital ;
- la biologie ;
- l’industrie ;
- la distribution en gros.
Au total, il existe 7 sections distinctes dans le domaine pharmaceutique qui comme tout autre secteur d’activités évoluent en fonction de la conjoncture française.
Qu’est-ce qu’une officine ?
Comment différencier alors les officines des autres secteurs pharmaceutiques ? Si nous parlons plus communément de pharmacie, l’Académie française est plus large sur sa définition. La pharmacie est en effet défini comme une science qui a pour but de composer et de préparer des médicaments.
Toujours selon l’Académie française, l’officine est alors définie comme le laboratoire du pharmacien. C’est ainsi l’endroit où le pharmacien prépare et garde ses médicaments.
Finalement, officine et laboratoire sont des synonymes. En effet, la plupart des pharmacies en France se composent de trois parties :
- la section boutique où sont vendus les produits en libre service (produits de beauté, bien-être, médicaments sans ordonnance, etc.) ;
- la section pharmacie où l’on trouve les médicaments (avec et sans ordonnance) généralement situés derrière un comptoir ;
- la section laboratoire (ou officine) où le pharmacien prépare et garde les médicaments.
Attention : il est important de ne pas comprendre le laboratoire d’officine (local où sont stockés les médicaments) et le laboratoire pharmaceutique (autre lieu où des recherches sont effectuées pour créer de nouveaux médicaments).
Les règlementations relatives aux pharmaciens en officine
Etant un professionnel de santé, le pharmacien doit respecter un certain nombre de règles dans l’exercice de ses fonctions. Il doit ainsi adhérer à un code de déontologie, prolongement du serment de Galien (également appelé serment des apothicaires) prononcé par tous les pharmaciens à la réception de leur thèse.
Le code de déontologie est préparé par le Conseil National. Il fait ensuite l’objet d’un décret soumis au Conseil d’Etat par le Premier ministre. Au total, 77 articles sont à respecter par les pharmaciens inscrits au tableau de l’Ordre national des pharmaciens. Parmi ces règles, les plus importantes sont :
- le respect du secret professionnel ;
- l’implication et le dévouement envers toute personne ayant recours aux services du pharmacien ;
- le respect de la vie et de la personne humaine ;
- la préservation de son indépendance professionnelle.
En cas de non-respect du code de déontologie, les pharmaciens s’exposent à des sanctions tels qu’un avertissement, un blâme, une interdiction d’exercice temporaire ou dans les cas les plus graves, une interdiction d’exercice définitive. Des poursuites civiles et pénales peuvent également être engagées.
Ainsi, de nombreux aspects juridiques et légaux sont liés à la gestion d’une pharmacie. L’objectif le plus important de la règle déontologique est de protéger l’intérêt du public et de garantir que l’intérêt du patient prime toujours sur celui du pharmacien.
Qui peut acheter et gérer une officine ?
Lorsqu’un pharmacien veut acheter et gérer une officine, deux choix sont alors possibles pour lui :
- reprendre une pharmacie d’officine déjà existante ;
- créer et ouvrir une nouvelle pharmacie.
Reprendre une pharmacie d’officine est la solution la plus simple, car elle demande beaucoup moins de formalités. Pour qu’un pharmacien puisse reprendre une pharmacie en France, il devra racheter le fonds opérant ainsi que tout son fonctionnement (fournisseurs, réseaux et canaux de distribution, employés, nom de l’officine, etc.).
Pour ouvrir une nouvelle pharmacie, les formalités sont plus complexes et fastidieuses. Le pharmacien devra en effet créer une structure juridique commerciale afin de pouvoir exploiter la future pharmacie. Il existe plusieurs types de structures juridiques possibles pour une pharmacie d’officine :
- l’EIRL ou EURL si le pharmacien veut exploiter l’officine en son propre nom ;
- la société d’exercice libéral unipersonnelle ;
- la SARL ou SNC si le pharmacien veut s’associer ;
- la société d’exercice libéral pluripersonnelle.
Deux démarches très importantes sont nécessaires pour pouvoir créer une nouvelle pharmacie :
- une demande d’agrément auprès de l’ARS (Agence Régionale de Santé). L’ARS dispose d’un délai de 4 mois pour se prononcer, son silence valant pour refus.
- une licence délivrée sur avis préalable du préfet par l’ordre national des pharmaciens. Le délai est ici de 2 mois, le silence vaut ici d’accord.
Bon à savoir : l’ARS peut imposer une séparation géographique minimale par rapport aux autres pharmacies implantées. Ce nombre de pharmacies implantées et également comparé aux nombres d’habitants de la commune.
Seul un pharmacien peut détenir une officine de pharmacie. Le créateur ou repreneur doit en effet pouvoir justifier d’un diplôme d’Etat de docteur en pharmacie ainsi que d’une expérience professionnelle de plus de six mois.
Le rôle du pharmacien en officine
Dans le cadre de sa profession, le pharmacien d’officine dispose de nombreux rôles.
Sa première mission est de distribuer des médicaments sous ordonnance. Néanmoins, il est en mesure de réaliser de nombreuses autres missions. Il est en effet généralement le premier interlocuteur des personnes souffrant de maladies bénignes. Il dispose alors d’un rôle de conseil et parfois même de prescription.
Le pharmacien connaît également tout ce qu’il faut savoir sur les médicaments. Il vérifie ainsi la posologie prescrite par le médecin et peut ajouter des conseils pour faciliter la prise de la prescription.
En résumé, les principales missions du pharmacien en officine sont :
- la réalisation des préparations officinales, des préparations magistrales et des adaptations galéniques ;
- la distribution des médicaments à usage humain, mais également vétérinaire tout en s’assurant de leur bon usage ;
- le conseil et les indications nécessaires sur un produit pour assurer un suivi personnalisé de chacun de ses clients ;
- le guidage vers d’autres professionnels de santé ;
- la gestion des stocks et les réapprovisionnements des médicaments ;
- la formation des étudiants en pharmacie en qualité de maître de stage ;
- la gestion de l’officine et de son personnel.
Enfin le pharmacien d’officine participe à des actions de dépistage, d’information et de prévention pour préserver la santé de ses clients.
Le fonctionnement d’une officine
Au sein d’une pharmacie, il est obligatoire qu’un pharmacien titulaire soit présent. C’est généralement ce pharmacien qui s’occupe de la partie officine. En fonction de l’ampleur de la boutique, le pharmacien titulaire peut être secondé de pharmaciens adjoints. En ce qui concerne la partie boutique, il est possible qu’une pharmacie fasse appel à des assistants pharmaceutico-techniques ou des pharmaciens stagiaires.
L’approvisionnement des stocks de médicaments
L’approvisionnement d’une pharmacie et de ses stocks est possible grâce à la distribution en gros. Cette distribution est réalisée par des grossistes répartiteurs.
Il existe en France 7 entreprises de répartition chargées de livrer les pharmacies d’officine dans un délai maximum de 24 heures.
La pharmacie de garde
Toutes les pharmacies sont tenues d’adhérer aux services de garde et d’urgence.
Le principe de la pharmacie de garde implique qu’une pharmacie ouvre en dehors des jours habituels d’ouvertures c’est-à -dire les dimanches et jours fériés. La pharmacie d’urgence ouvre quant à elle en dehors des horaires d’ouvertures habituels c’est-à -dire la nuit.
Le groupement de pharmacie
Plusieurs pharmacies peuvent former un groupement de pharmacies (ou groupement officinal). Dans ce cas, la gestion de l’officine est simplifiée et les pharmacies peuvent bénéficier de nombreux avantages. En effet, plus le réseau à laquelle adhère une pharmacie est grand et plus elle bénéficiera d’un meilleur tarif auprès des grossistes. Le groupement de pharmacies permet aussi de proposer à ses adhérents des formations afin qu’ils puissent s’adapter au jour le jour à leur secteur et son évolution.
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