L’histoire et l’évolution de la pharmacie au fil des siècles

Aujourd’hui, nous pouvons nous rendre facilement dans une officine de pharmacie pour trouver des médicaments et des produits de santé et de beauté. Mais la pharmacie telle que nous la connaissons aujourd’hui doit son fonctionnement à un héritage acquis au fil des siècles, et ce depuis les périodes les plus primitives. 

L’art de soigner apparaît en effet dès la préhistoire tout comme les premiers remèdes à base de plante ou d’animaux. La pratique pharmacologique a évolué et s’est perfectionnée avec le temps grâce aux recherches de savants tels que Hippocrate ou Galien.

Les nombreuses pratiques exercées dans le monde entier durant l’Antiquité, le Moyen-Age, ou encore la Renaissance jusqu’à aujourd’hui ont permis l’évolution de ce secteur indispensable pour notre santé. Nous vous proposons de réaliser un voyage dans le temps et dans notre histoire aussi bien en France que dans le monde pour découvrir ces différentes pratiques pharmacologiques au fil des époques.

L'histoire de la pharmacie-1

La pharmacie durant la Préhistoire

Pour retracer l’histoire de la pharmacie et des médicaments, il convient de s’intéresser à l’origine de notre société et aux premières pratiques médicales et médicinales réalisées durant la Préhistoire. C’est en effet durant le Néolithique (8500 av. J.-C.) et plus particulièrement lors de la sédentarisation que l’art de guérir émerge.

La sédentarisation implique en effet un nouveau mode de vie, l’alimentation évolue et les animaux sont élevés à proximité des Hommes. Les maladies dentaires apparaissent ainsi que des maladies infectieuses passant de l’animal à l’être humain comme la tuberculose, la rougeole ou la variole.

Des plantes médicinales telles que le pavot, la valériane ou encore la camomille ainsi que des extraits d’animaux comme les glandes surrénales sont utilisées pour préparer des décoctions. Les propriétés calmantes des plantes ne guérissent pas forcément, mais permettent d’atténuer la douleur.

La pharmacie dans l’Antiquité

L’invention de l’écriture à Sumer (environ -3500 av. J.-C.) est à l’origine d’un changement majeur : les remèdes peuvent se retranscrire et se transmettre. Les recettes thérapeutiques et les préconisations de soin sont alors inscrites sur des tablettes d’argile à l’aide d’une écriture cunéiforme.

Les remèdes, potions, pommades et autres cataplasmes font alors l’objet de recueils et de codifications. Les premières pharmacopées voient le jour. Cependant, les pratiques pharmacologiques sont encore très différentes en fonction des cultures :

  • la pharmacie dans la culture égyptienne : la pharmacologie dans la société égyptienne est notamment marquée par les papyrus de Berlin (environ 1350 av. J.-C. sous le règne de Ramsès II) et d’Ebers (16e siècle av. J.C), documents majeurs évoquant les différentes pratiques pharmacologiques exercées par les Egyptiens ;
  • la pharmacie dans la culture chinoise : l’origine de la pharmacologie dans la société chinoise est marquée par Shennong, personnage de la mythologie chinoise et précurseurs des recherches ayant abouti à l’édification de divers traités médicaux ;
  • la pharmacie en Mésopotamie : la médecine reposait principalement sur des procédés et des incantations magiques, les remèdes étant des amulettes ou des cérémonies. Cependant, certains remèdes à base de vin de dattes ou de chair de serpents étaient également utilisés ;
  • la pharmacie dans la culture perse : société prospère dans l’Antiquité, la Perse attirait bon nombre d’autres civilisations ce qui a permis de collecter et de mélanger différentes pratiques pharmacologiques avec la Grèce ou l’Inde notamment.

La pharmacie dans la culture gréco-romaine 

C’est en Grèce que la science et par conséquent la médecine et la pharmacie s’épanouissent même si comme dans toutes les civilisations, les remèdes étaient tout d’abord une affaire religieuse. Les Dieux étaient en effet des guérisseurs et des prescripteurs. 

Petit à petit, la science a fait place grâce à des savants tels que Pythagore ou Thalès. Ce sont néanmoins les travaux de Hippocrate qui apportent une vraie méthode scientifique à la pratique médicale et pharmacologique reposant sur :

  • la natura medicatrix : la nature guérit, la médecine l’accompagne ;
  • les 4 humeurs : (sang, flegme, bile jaune et bile noire) ;
  • les remèdes sur le principe des contraires (bains, saignée, cholagogues, diurétique, purge, régime alimentaire).

La médecine hippocratique évolue ensuite grâce à  Galien (131-200 apr. J.-C.) amateur de pharmacologie qui entreprit de réunir les écrits de ses prédécesseurs qu’il simplifia. Il contribua alors massivement au développement de la pharmacologie en Occident.

La pharmacie au Moyen-Age

Le Moyen-à‚ge est marqué par certaines maladies comme la peste, la lèpre, le typhus, la variole ou encore le paludisme. L’époque est en effet caractérisée par ses épidémies, son hygiène défaillante ou encore la malnutrition. La médecine doit alors évoluer parallèlement. 

Le savoir médical se transmet peu à peu grâce des écoles et des universités, mais l’inefficacité thérapeutique fait naître deux mouvements médicaux : la médecine officielle (Hippocrate, Galien) dispensée dans les écoles et la médecine populaire représentée par les guérisseurs et les charlatans (sujet développé dans le Malade Imaginaire de Molière).

C’est durant le Moyen-à‚ge que le médecin abandonne la confection des remèdes à l’apothicaire. Le médecin diagnostique et soigne tandis que l’apothicaire confectionne les médicaments en suivant les prescriptions données par le médecin. 

La profession d’apothicaire commence à être davantage encadrée et surveillée afin de s’assurer que les remèdes ne soient pas des poisons ou des falsifications de remèdes appelés  » qui pro quo « .

L'histoire de la pharmacie-2

La pharmacie à la Renaissance

La transmission des remèdes de médicament devient plus claire avec l’invention de l’imprimerie qui permettra de créer des livres recueillant les différentes recettes et pratiques beaucoup plus clairement. La profession pharmacologique évolue notamment avec l’apparition de communautés. Les apothicaires sont à l’époque réunis avec les épiciers. 

L’inefficacité des remèdes au Moyen-Age laisse place à l’alchimie héritée du monde arabe, mélange de chimie et de croyances spirituelles. C’est lors de la Renaissance que l’alchimie prend son importance notamment avec Paracelse (1493-1541). A contrecourant du galénisme qu’il juge inefficace, il contribuera à simplifier les procédés pharmacologiques et à supprimer bon nombre de remèdes inefficaces. Van Halmont (1577-1644) prendra sa suite afin de clôturer l’alchimie et de laisser place à la chimie scientifique.

L’alchimie reste néanmoins l’un des soubassements de ce que deviendra la pharmacie. Elle a en effet permis de léguer des apports essentiels à la science comme l’expérimentation ou encore l’usage du laboratoire et de ses instruments.

Vers la pharmacie moderne

Il faudra attendre la déclaration du 25 avril 1777 par l’Académie nationale de Pharmacie pour que les apothicaires ne soient plus confondus avec les épiciers. Le terme de pharmacien est préféré à celui d’apothicaire.

Les croyances religieuses et dogmatiques sont peu à peu abandonnées au profit de la science. La chimie devient la science pivot de la pharmacie. Le XVIIIe et le XIXe siècle marque l’essor de la recherche pharmaceutique des apothicaires tels que Rouelle, Valmont de Bomare ou encore Baumé en France.

La recherche pharmaceutique grâce à la chimie évolue et s’améliore. La chimie dite pneumatique apparaît avec Lavoisier à la fin du XVIIIe siècle et est le point de départ de la chimie moderne. La chimie minérale se développe tout comme l’étude des produits organiques offrant de précieux résultats comme le principe actif sous la forme d’alcaloà¯des qui simplifieront la médecine.

Peu à peu, les recherches pharmaceutiques portent leurs fruits et amènent à découvrir de nouveaux produits organiques permettant de mieux soigner et d’améliorer la santé. Les nouveaux savoirs sont enseignés à de nouveaux pharmaciens à la faculté, en formation ou encore à l’école. Les recherches pharmaceutiques et scientifiques de Pasteur amènent quant à elle les vaccins qui deviendront essentiels à notre santé. La formation à l’école ou en faculté médicale permet de former de nouveaux pharmaciens chercheurs.

L’officine de pharmacie c’est-à -dire le lieu où la vente de médicaments se réalise aujourd’hui dans notre société moderne doit son héritage à tous ces siècles d’histoire, d’expérimentations et de recherches. Encore aujourd’hui, l’histoire marque la profession pharmaceutique : le serment de Galien est prononcé par chaque pharmacien pour pouvoir adhérer à l’Ordre des pharmaciens tel le serment de Hippocrate pour les médecins.

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