Si, sur bien des aspects, une pharmacie peut être considérée comme une entreprise commerciale comme les autres, elle possède toutefois des spécificités. Au-delà du souci de rentabilité, il s’agit en effet de prodiguer des conseils adéquats aux patients et de les orienter vers les médicaments les plus adaptés. La mission de santé publique attribuée aux pharmaciens est donc incontestable.
Pourtant, lorsque l’on décide de devenir titulaire de sa propre officine, il faut aussi être capable de réaliser un chiffre d’affaires suffisant pour régler l’ensemble des dépenses et gagner sa vie décemment. Ainsi, dans toute transaction d’officines, le vendeur comme l’acheteur doivent trouver un terrain d’entente sur le prix de cession. Ce dernier doit correspondre aux tendances du marché et refléter l’état financier et le potentiel de l’officine.
Les pharmacies en France : quel fonctionnement et quelles obligations ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet de la transaction d’officines, faisons un petit tour d’horizon de ce qu’est une officine de pharmacie et de la façon dont elle peut être gérée.
Depuis des centaines d’années, les apothicaires, que l’on appelle aujourd’hui pharmaciens, préparent les remèdes destinés à soigner la population. Au fil du temps, la profession s’est organisée, d’abord sous forme de corporations, pour aboutir au métier tel qu’on le connaît aujourd’hui.
En France, les pharmacies sont désormais des commerces très règlementés, afin de garantir la sécurité des patients et un service de délivrance de médicaments efficace en ville comme en milieu rural. Ainsi, pour la création ou la reprise d’une officine, le titulaire doit disposer de la formation adéquate, bénéficier d’une licence, s’inscrire à l’Ordre des Pharmaciens et auprès de l’Assurance Maladie. De nombreuses autres obligations entrent en jeu, comme la présence de la fameuse croix verte, la protection des données personnelles des patients, l’affichage du prix des médicaments et autres produits disponibles à l’achat, la tenue d’un registre des préparations et de certains médicaments, etc.
Dès lors qu’un titulaire respecte parfaitement la loi ainsi que les recommandations de l’Ordre des Pharmaciens, il est relativement libre de gérer son entreprise comme il le souhaite. Il choisit le grossiste qui lui fournit les médicaments, décide des employés qui travaillent dans l’officine, met en place sa stratégie commerciale, etc. S’il s’agit de répondre à des problématiques de santé, il ne faut en effet pas oublier que l’activité a pour but de générer le meilleur chiffre d’affaires possible.
Sur les points organisationnel et juridique, le pharmacien a également la liberté de choisir la forme de société qui lui convient. Certains exercent ainsi leur activité seuls, tandis que d’autres partagent des parts avec un ou plusieurs titulaires. Les formes juridiques les plus courantes sont la SELARL, la SELAS et la SPFPL (ou holding). Le choix du statut de l’entreprise va influer sur la manière de gérer l’activité, ainsi que sur la fiscalité de la pharmacie.
Les avantages de l’achat en officine ou sur une pharmacie en ligne
Si bien souvent on se rend en pharmacie avec une ordonnance d’un professionnel de santé, il est également possible d’y trouver des médicaments, des cosmétiques et des soins de médecine douce en libre-service. Pour certains de ces produits, impossible de s’en procurer dans d’autres commerces, ce qui justifie de se rendre en pharmacie. Mais pour les autres, pourquoi acheter en pharmacie, où les prix sont parfois plus élevés ?
Il faut tout d’abord savoir que les employés d’une pharmacie n’ont pas pour unique mission de vous délivrer les médicaments. Le rôle de conseil est inhérent à la profession et leurs connaissances leur permettent de vous orienter vers les solutions qui correspondent à l’état de santé et aux antécédents du patient. Qu’il s’agisse de compléments alimentaires, de soins pour bébé ou encore d’aromathérapie, leurs conseils sont précieux pour trouver le traitement le plus adapté, sans faire courir de risque pour la santé.
Ensuite, en ce qui concerne les produits en vente qui n’ont pas directement une visée thérapeutique (beauté, minceur, hygiène, etc.), acheter en pharmacie est un gage de qualité. Les tests réalisés sur ces produits sont drastiques et assurent une bonne traçabilité. De plus, les pharmacies vendent bien souvent des soins que l’on ne trouve nulle part ailleurs, que ce soit en raison de leur composition entièrement naturelle, de leur efficacité prouvée ou de leur prise en considération de certaines allergies et pathologies.
Si pour une question de prix ou de praticité, vous préférez acheter ces soins sur une pharmacie en ligne, soyez toutefois vigilant. Vérifiez que la pharmacie concernée est agréée pour la vente sur Internet et qu’elle propose un paiement sécurisé.
Les professionnels de santé qui exercent en officine pharmaceutique
Lorsque vous vous rendez en pharmacie, vous pouvez vous retrouver face à plusieurs profils de professionnels, disposant tous d’une formation appropriée. Au guichet, ce sont principalement les préparateurs en pharmacie ou le pharmacien lui-même qui vous conseilleront et vous délivreront les médicaments. Leur travail peut aussi consister à la fabrication de médicaments, au réapprovisionnement des rayons, à la réalisation de tâches administratives, etc. Le personnel doit donc avoir plusieurs casquettes : compétences de vente, connaissances médicales et pharmaceutiques, relations fournisseurs, etc.
Dans des boutiques de plus grande taille, les métiers de la pharmacie peuvent aussi inclure d’autres employés. On retrouve par exemple le poste de conditionneur, aussi appelé secrétaire pharmaceutique, qui est un professionnel responsable de la gestion des stocks et des commandes de médicaments.
En dehors des officines, les pharmaciens peuvent exercer leur travail en hôpital, au sein de l’armée, dans les laboratoires ou encore dans le secteur industriel. Les débouchés sont donc assez nombreux, bien qu’il faille réaliser jusqu’à 9 ans d’études pour parvenir à ce type de poste.
L’achat et vente d’officines : la situation actuelle du marché en France
Que vous fassiez partie des jeunes diplômés en quête de votre premier emploi ou des pharmaciens expérimentés cherchant à reprendre une pharmacie, il est important de bien comprendre le contexte du secteur pharmaceutique pour exercer le métier dans des conditions qui vous conviennent.
A ce jour, plus de 60 % des titulaires et des employés de pharmacie exercent dans des officines, réparties de manière relativement équitable sur le territoire. Malgré la baisse du nombre de médicaments remboursés et la concurrence des grandes surfaces et des pharmacies en ligne, les officines captent toujours une bonne partie des clients à la recherche de produits de parapharmacie (plus de 75 % de part de marché en 2017).
La baisse ou la stagnation du chiffre d’affaires constaté pour de nombreuses pharmacies entre 2012 et 2015 semble par ailleurs révolue. La croissance est au rendez-vous et la marge est stable dans tous les types de pharmacies, et la situation est d’autant plus florissante dans les pharmacies situées dans un centre commercial.
Cette bonne santé des commerces pharmaceutiques peut convaincre les pharmaciens de procéder à leur installation dans un quartier ou une ville où le chiffre d’affaires est intéressant. De même, les titulaires actuels peuvent valoriser leur entreprise dans un contexte prometteur. Cela profite au marché de la transaction d’officines, qui se porte bien depuis plusieurs années consécutives, et qui a tendance à se stabiliser. Depuis 2014, on note un prix de cession moyen équivalent à 76 % du chiffre d’affaires et de 6 fois l’EBE. Néanmoins, cela cache quelques disparités : les pharmacies réalisant un gros chiffre d’affaires et situées en centre commercial peuvent se vendre jusqu’à 87 % du CA en moyenne. Au contraire, les pharmacies de quartier et/ou situées en àŽle-de-France et en Centre-Val de Loire sont moins bien valorisées.
Ainsi, pour tout projet d’acquisition ou de cession, il faut comparer ce qui peut l’être. Il est également primordial d’avoir à l’esprit l’ensemble des critères qui permettent d’estimer une officine, et ne pas se centrer sur la seule rentabilité actuelle de l’entreprise.
Les conseils à l’attention d’un futur acquéreur d’officine
Vous parcourez les annonces de vente de pharmacies sans réussir à déterminer celles qui pourraient vraiment vous intéresser ? Il peut en effet être difficile de savoir comment acheter une officine de pharmacie lorsque l’on n’est pas accompagné ou que l’on n’a jamais géré d’entreprise. Nous vous présentons donc les quelques points majeurs à prendre en considération avant de mettre en marche concrètement votre projet !
Dans un premier temps, questionnez-vous sur votre budget, en incluant toutes les données que vous possédez. Faites le point sur le montant de votre apport, qui doit être d’au moins 20 % pour que les banques acceptent un emprunt en vue de l’acquisition d’une officine. N’oubliez pas non plus les diverses aides et capitaux extérieurs auxquels vous pouvez prétendre : exonérations de charges pour la création ou reprise d’une entreprise, crowdfunding, booster d’apport, etc.
Interrogez-vous ensuite sur l’acquisition des locaux : souhaitez-vous simplement acheter le fonds de commerce et la licence ou devenir propriétaire des murs de l’officine ? Dans le deuxième cas, l’apport nécessaire sera bien plus important, mais vous bénéficierez aussi de plusieurs avantages : pas de contraintes financières et juridiques liées au bail commercial et accroissement de votre patrimoine.
Tout cela devrait déjà vous aider à y voir plus clair parmi les diverses annonces de pharmacies en vente. Pour comparer les différentes officines disponibles et trouver l’offre la plus intéressante, il est ensuite nécessaire de regarder de près une multitude de critères : contrats de travail en cours, surface de l’officine, concurrence dans le quartier ou les communes voisines, opportunités de développement, santé financière de la société, etc.
Les étapes clés de la cession d’une pharmacie à un nouveau titulaire
Si vous êtes de l’autre côté de la transaction, ayant pour projet de vendre votre pharmacie pour permettre l’installation d’un nouveau titulaire, vous devez aussi vous renseigner sur la manière de procéder dans les règles.
Le point de départ est l’estimation du prix de votre officine, qui ne doit pas être réalisée à la va-vite. Les locaux (surface, localisation, état, bail commercial) tout comme la rentabilité (chiffres d’affaires, marge, EBE, etc.), le nombre de clients ou encore le fonctionnement interne de l’entreprise sont à prendre en compte. Grâce à des spécialistes de l’évaluation de fonds de commerce ou de transactions d’établissements pharmaceutiques, vous obtiendrez une estimation du prix le plus juste.
Une fois que l’évaluation de la pharmacie est réalisée, il faut réussir à trouver un acheteur ! La demande existe, mais il faut bien préparer vos arguments et les documents importants, pour séduire les pharmaciens. Des professionnels de l’achat/vente de pharmacies sont par ailleurs là pour vous aider et vous expliquer comment vendre votre officine de pharmacie. Ils sauront vous aiguiller sur les points importants à mettre en avant dans vos annonces de vente, et pourront parfois vous mettre en relation directe avec un potentiel acquéreur.
Si un pharmacien juge votre offre intéressante et souhaite devenir titulaire de votre officine, vous pourrez alors engager le processus d’acquisition. Il est fortement recommandé que chaque partie soit représentée par un professionnel du Droit, pour faire la lumière sur chaque clause et éviter les malentendus. Cela est d’autant plus important lorsque plusieurs associés entrent en jeu : il faut clairement définir la répartition des parts de la société, les modalités de cession, etc. Les notaires, experts-comptables et avocats joueront aussi un rôle de conseil, pour déterminer le statut juridique qui sera le plus avantageux.
Comme pour toute cession d’un bien immobilier ou d’un fonds de commerce, il faut tout d’abord signer une promesse de vente. Y sont incluses toutes les informations utiles sur la situation financière de l’officine, le contrat de bail, les modalités de paiement, le fonctionnement de la pharmacie, ainsi que des clauses suspensives.
Une fois que toutes les pièces justificatives ont été réunies et que l’acquéreur a pu obtenir son prêt bancaire, il devient envisageable de signer l’acte de vente. Attention, cela ne signifie pas pour autant que le nouveau pharmacien a le droit d’exercer. Il devra d’abord présenter des dossiers auprès de l’Ordre des Pharmaciens et de l’Assurance Maladie. Ce n’est que lorsque sa demande aura été acceptée qu’il obtiendra la déclaration d’exploitation, la carte de professionnel de santé et toutes les autres autorisations pour pratiquer.