Après plusieurs années d’exercice en tant que pharmacien ou pharmacienne salarié·e en officine ou en PUI, vous souhaitez peut-être acquérir votre propre officine. Cela n’est pas sans risque, mais le jeu en vaut la chandelle si vous préparez bien votre achat et que vous faites confiance à des professionnels !
Afin d’acheter une officine de pharmacie dans les meilleures conditions, il faut ainsi être patient et méthodique. Les analyses et les comparaisons antérieures à l’acquisition sont indispensables pour ne pas se tromper. Ensuite, les questions de la négociation du prix, du statut juridique et de la fiscalité pourront être abordées. Enfin, pour une mise en marche concrète de votre activité pharmaceutique, il faudra obtenir les autorisations nécessaires auprès des organismes de santé et du commerce.
Choisir la bonne pharmacie pour s’implanter
Le premier point sur lequel il ne faut pas transiger est le choix même de l’officine. On ne s’installe pas au hasard et bien des critères doivent être pris en considération avant d’envisager l’achat :
- la localisation de la pharmacie : y a-t-il beaucoup d’officines concurrentes à proximité ? Y a-t-il de nombreux professionnels de santé prodiguant leurs services aux alentours ? L’officine est-elle bien desservie ?
- les clients potentiels : jusqu’où s’étend la zone de chalandise ? Quels sont les profils des patients actuels ? De combien de clients dispose la pharmacie ?
- la conformité avec les normes afférentes aux officines pharmaceutiques en France et à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, permettant à chaque client de se rendre dans votre pharmacie ;
- la gestion de l’officine et sa situation financière : quelle est la marge moyenne ? Comment sont réparties les ventes entre médicaments avec ordonnance, médicaments sans prescription ou en libre-service, produits cosmétiques, etc. ? Quels services sont proposés ? Y a-t-il de la vente complémentaire en ligne ?
Toutes ces questions, et bien d’autres encore, vont vous aider à sélectionner quelques officines ayant un potentiel intéressant. Bien entendu, il faudra ensuite vous intéresser aux aspects financiers et légaux, mais aussi trouver un pharmacien prêt à mettre son fonds de commerce en vente à un prix acceptable !
S’entourer d’experts pour bénéficier des meilleurs conseils
Au vu de l’investissement financier, des éventuels sacrifices et du temps passé pour acquérir une pharmacie, mieux vaut ne pas se tromper. C’est pourquoi il paraît indispensable de ne pas se lancer seul·e dans cette nouvelle aventure !
Sur les plans financiers, commerciaux, administratifs et juridiques, vous pourrez en effet rencontrer bien des difficultés au cours de votre parcours d’achat. Ainsi, au fur et à mesure que le projet d’acquérir votre propre officine grandit dans votre esprit, il faudra faire appel aux services de professionnels spécialisés. On compte parmi eux les comptables, les notaires, les avocats, les banquiers, etc. Ils peuvent avoir un rôle de conseil et/ou intervenir dans la rédaction des actes, l’octroi des emprunts, la gestion d’éventuelles poursuites juridiques et pour nombre d’autres opérations.
Afin d’obtenir des conseils de qualité, il est recommandé de se tourner vers des experts qui connaissent parfaitement le monde de la santé et les spécificités des transactions d’officines. Deux options principales s’offrent alors à vous : engager des professionnels qui effectuent leur travail indépendamment les uns des autres ou choisir une entreprise de conseil spécialisée sur ce marché des pharmacies. Dans ce deuxième cas, vous bénéficierez d’une expertise de premier ordre, ainsi que d’un interlocuteur unique pour le suivi de votre projet d’acquisition et de gestion de pharmacie.
Penser à tous les coûts qu’il faudra engager
A l’achat d’une pharmacie, on pense en premier lieu au prix du fonds de commerce et au loyer du bail commercial. Ce sont deux postes de dépense majeures, pour lesquelles il faut vérifier attentivement chaque clause. En effet, l’acquisition d’une officine ne signifie pas simplement que l’on achète ou loue une boutique physique, mais bel et bien une entreprise et toutes ses composantes.
Ainsi, pensez à prendre en considération la reprise des contrats de travail de l’équipe actuellement en place, obligatoire lors de la cession d’une officine, et le stock de médicaments et de matériel. D’autres contrats peuvent aussi se poursuivre ou être résiliés : fourniture de médicaments, contrats d’assurance, sous-traitance pour les logiciels et la maintenance informatique, etc.
A tout cela viennent également s’ajouter d’autres dépenses, que l’on estime parfois secondaires, mais qui viennent souvent alourdir considérablement le budget requis. On y inclut par exemple les frais de rédaction de l’acte de vente, les frais liés aux produits bancaires, le coût d’éventuels travaux dans l’officine, les frais de licenciements si l’on met fin à des contrats de travail, les frais d’enregistrement, etc. Comme vous pouvez le constater, ce sont des coûts annexes à ne pas prendre à la légère, qui peuvent représenter des dizaines de milliers d’euros une fois additionnés ! D’autant que de nombreuses charges devront également être réglées chaque mois, ce qui requiert de constituer une trésorerie dès le début de l’activité.
Négocier le prix de vente et le prêt bancaire pour l’achat de l’officine
Face à toutes les dépenses à réaliser, vous allez devoir manoeuvrer au mieux avec vos interlocuteurs pour obtenir les prix les plus satisfaisants pour l’ensemble des parties prenantes.
Cela passe d’abord par une estimation juste du prix de la pharmacie. Effectivement, rien ne vous oblige à croire sur parole que le prix proposé par le vendeur est le bon. Il vaut donc mieux réaliser vos propres études, en vous faisant aider par une équipe d’experts (comptables et avocats notamment). En ayant accès à certains documents financiers, vous serez en mesure d’évaluer l’EBE ACREX, assimilable à la rentabilité de l’officine pharmaceutique. Ce ratio est aujourd’hui largement utilisé en France pour déterminer le prix de vente des pharmacies, dont la moyenne se situe à 1,2 million d’euros sur le marché actuel.
S’y ajoutent bien sûr d’autres critères, tels que la modernité des locaux, la marge brute, l’emplacement de l’officine, l’expérience du personnel, le nombre de patients et clients, la proximité avec des centres de soins, etc.
Après avoir étudié de près chaque élément pouvant influer sur la valeur de l’officine, vous pourrez alors présenter des arguments en faveur d’une baisse du prix de cession. Si la pratique de la négociation n’est pas votre point fort, n’hésitez pas à vous tourner vers des professionnels. Ils sauront discuter avec le pharmacien vendeur pour obtenir une réévaluation du prix de vente en votre faveur, si les conditions le justifient.
La négociation doit aussi se réaliser avec votre banquier, dans le but de bénéficier d’un emprunt qui vous coûtera le moins cher possible. Préparez avec soin votre dossier, en démontrant que votre projet d’entreprise tient la route, à l’aide de chiffres. Le meilleur moyen de le convaincre reste en effet de lui prouver que vous pourrez rembourser sans problème chaque mensualité. Bien entendu, l’apport de départ et le montant global demandé vont aussi avoir leur importance. A vous ensuite de faire bon usage de tous vos atouts pour obtenir ce que vous souhaitez en termes de taux, de nombre d’années de remboursement, d’assurances, etc.
Réaliser toutes les démarches administratives et juridiques
En complément de tous les aspects économiques et financiers évoqués jusqu’ici, il est indispensable de se soumettre à bien des formalités pour démarrer officiellement votre activité en tant que pharmacien ou pharmacienne. Dans un souci pratique, la plupart d’entre elles peuvent être effectuées en ligne, auprès de chaque organisme compétent.
Comme pour tout établissement destiné à vendre des produits et des services en France, l’inscription au Registre du Commerce est une étape incontournable. Vous devrez alors avoir déterminé le statut juridique de votre entreprise (entreprise individuelle ou en association avec d’autres pharmaciens) et fournir toute une liste de pièces justificatives.
Les activités et missions du domaine de la santé étant particulièrement règlementées, il est également obligatoire de demander une inscription au tableau de l’Ordre des pharmaciens pour gérer une officine. Une demande d’adhésion à la Convention Nationale des Pharmaciens auprès de l‘Assurance Maladie doit aussi être mise en oeuvre. Elle permet d’obtenir la carte CPS, et détermine également la qualité de service à apporter aux clients tout en revalorisant les métiers exercés dans les pharmacies. La qualité de la dispensation, un meilleur accès aux soins pour chaque patient, des honoraires pour la dispensation en complément du coût du médicament et un suivi thérapeutique des patients font notamment partie des points majeurs de cette convention.
En revanche, le rachat d’une pharmacie ne nécessite pas une nouvelle demande de licence, car vous bénéficiez de celle du vendeur de l’entreprise.
Enfin, lorsque l’acte de vente est signé et que vous êtes propriétaire de votre officine, ne relâchez pas votre vigilance ! Par exemple, au cours de l’exercice de l’activité, il est possible que vous remarquiez des vices cachés. Vous devrez alors être bien accompagné pour pouvoir revenir sur l’acte d’achat, revoir certaines clauses ou demander des dommages et intérêts.
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