Acheter une pharmacie, les moyens et outils de financement

L’achat d’une officine de pharmacie, qu’il s’agisse du fonds de commerce, de parts sociales ou encore de l’acquisition des murs, avec ou sans reprise de l’équipe en place, présente certaines particularités subordonnées à la règlementation spécifique et très stricte du secteur pharmaceutique.

Acheter sa pharmacie est un moment important et un investissement considérable, que ce soit votre première installation ou non. S’informer sur comment acheter une officine de pharmacie, l’intérêt d’en être le propriétaire des murs, les critères de choix et de valorisation d’un bien est la base, mais pour valider la faisabilité d’un tel projet, il faut aussi connaitre les moyens et outils de financement à la disposition de l’acquéreur.

Nous vous proposons un tour d’horizon des différents aspects financiers dans la cession d’une officine, qu’il s’agisse des moyens de financement existants (crédits, boosters, groupements, etc.) ou des outils de pilotage à mettre en place à l’achat d’une pharmacie.

Les aspects financiers de l'achat d'une pharmacie-1

Les outils pour financer l’achat d’une pharmacie

Plusieurs moyens de financement sont possibles et combinables pour l’achat d’un fonds de commerce d’officines.

L’apport personnel de l’acquéreur

L’apport personnel de l’acquéreur lors de la création d’une société peut revêtir deux formes.

  1. Un apport en capital, récupérable à la cession de l’officine, à la dissolution de la société ou par une vente de parts sociales.
  2. Un apport en compte courant associé dont l’intérêt est d’être rémunéré selon un taux fixé par l’administration fiscale et pouvant être repris à tout moment par l’associé qui a prêté les fonds à la société. Il peut cependant être bloqué sur la durée de l’emprunt par la banque.

Bien souvent, l’apport personnel ne suffit pas et il faut contracter un prêt bancaire. Le taux d’apport personnel moyen demandé par la banque est de 20 à 35 % du prix de vente.

Les financements extérieurs

Pour compléter l’apport personnel et permettre l’acquisition d’une officine, plusieurs types de financement extérieur existent.

Le prêt bancaire amortissable

Il s’agit d’un prêt classique conclu la plupart du temps pour une durée de 12 à 15 ans. Les banques exigent bien souvent des garanties, soit auprès du, ou des emprunteurs, soit par la caution d’une personne tierce. Sachez qu’il existe des partenaires financiers spécialisés dans le financement de l’achat d’officine comme LCI-InterFIMO.

La méconnaissance des mécanismes entraîne de fréquentes erreurs pouvant conduire à la liquidation d’une pharmacie pourtant rentable, voici quatre principes à respecter.

  1. Financer du long terme avec du long terme en privilégiant les remboursements à longue échéance pour épargner la trésorerie.
  2. Anticiper et financer le besoin de fonds de roulement, même en phase de croissance. Car pour vendre, il faut d’abord acheter son stock de médicaments et attendre avant d’être payé par les patients. Le besoin en fonds de roulement est à intégrer dans le plan de financement par une trésorerie d’avance qui sera apportée ou empruntée sur du moyen ou long terme.
  3. Prévoir et financer les incertitudes ou les aléas de l’installation en empruntant plus.
  4. Préserver au maximum sa trésorerie en empruntant plus et être en mesure de faire face aux imprévus. De plus, une banque prête plus volontiers à une entreprise qui possède une bonne trésorerie.

Le crédit in fine

Avec un prêt in fine, seuls les intérêts sont à payer chaque mois. Contrairement au prêt classique pour lequel une partie du capital est à rembourser mensuellement en sus des intérêts, le capital du prêt in fine est à rembourser en une seule fois au terme de l’échéance.

Les intérêts d’un crédit in fine sont cependant plus élevés qu’avec un prêt amortissable, mais ils sont déductibles d’impôt. Toutefois, rembourser intégralement son capital à l’échéance implique de développer efficacement son activité pour être en mesure de respecter son engagement.

Le crédit vendeur

Lors d’un transfert d’un fonds de commerce de pharmacie, il est fréquent de constater que le vendeur accorde un  » crédit vendeur  » pour le paiement du stock de produits, et plus rarement, pour le prix du fonds en lui-même. Il s’agit d’un paiement étalé d’une partie de la vente dont l’accord est acté sous seing privé.

L’essaimage ou la filiation

Ce mécanisme a pour but de financer l’installation d’un jeune titulaire contre une prise de participation minoritaire dans la pharmacie du nouvel installé. Toutefois, l’Ordre des pharmaciens limite la part de capital que peut détenir l’investisseur, le plus souvent un pharmacien expérimenté. Ce dernier fera bénéficier à son jeune associé de son expérience et de son réseau relationnel.

Le groupement de pharmacies

Un groupement officinal est un réseau (régional ou national) de pharmacies adhérentes qui se sont réunies afin de rationaliser leurs dépenses et développer leur activité. Un groupement offre de nombreux avantages aux pharmaciens :

  • l’optimisation des achats et des prix de vente par la centrale d’achats du groupement ;
  • la mutualisation de la fonction informatique ;
  • l’accès à des services supports (conseils, outils de communication, formations) ;
  • la mise en relation directe avec d’autres professionnels de santé ;
  • etc.

Il existe une quarantaine de groupements en France, dont les principaux sont Welcoop, la Centrale des Pharmaciens ou encore Optipharm.

Les aides au financement, les boosters d’apport

Les boosters d’apport ont été développés par les groupements pharmaceutiques et les grossistes répartiteurs afin d’aider les jeunes pharmaciens à s’installer, et ainsi assurer le renouvèlement de la profession face aux nombreux futurs départs à la retraite.

Il s’agit d’un crédit destiné à un pharmacien dont l’apport personnel est trop faible (qui peut ainsi être doublé, voire triplé). De son côté, le groupe proposant le booster se portera caution auprès de la banque.

L’octroi d’un booster se fait sous plusieurs conditions variables d’un groupement à un autre et évolutives en fonction du marché.

Le booster de la CAVP : le fonds d’aide à l’installation  » interPharmaciens « 

La Caisse d’Assurance Vieillesse des Pharmaciens (CAVP) a créé une aide à l’installation en faveur des primo-accédants détenant au moins 80 % du capital de la société. Début 2020, les conditions d’attribution du booster étaient les suivantes :

  • financement sous forme d’un complément d’apport (jusqu’à 500 000 euros) ;
  • complément jusqu’à 75 % de l’apport global ;
  • financement « long terme  » sur une durée de 15 ans, avec franchise en capital entre 10 et 14 ans ;
  • intervention sous forme d’obligations (fonds propres subordonnés au prêt bancaire) ;
  • financement de personnes morales (SEL, SELAS, SPFL) ;
  • taux d’intérêt annuel fixe à 2 % ;
  • aucune garantie demandée ;
  • aucune obligation d’adhésion ou d’affiliation ;
  • pas de frais de dossier.

Le booster  » Pharmequity « 

La Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF) et InterFIMO ont lancé « Pharmequity « . C’est une plateforme de financement participatif permettant aux pharmaciens d’abonder dans des fonds d’officines pour favoriser la transmission des pharmacies à la jeune génération ayant peu d’apport personnel.

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Les outils pour piloter le financement de l’acquisition d’une pharmacie

L’élaboration du plan de financement est une étape primordiale lors du transfert d’un fonds de commerce. Deux documents principaux le composent : le compte de résultat prévisionnel et le plan de trésorerie.

Le compte de résultat prévisionnel

Le compte de résultat prévisionnel recense l’ensemble des produits et des charges d’une entreprise pour un exercice comptable et permet de déterminer son résultat (bénéfices ou pertes). Pour le rédiger convenablement, le pharmacien devra être vigilant sur un ensemble de points cruciaux :

  • le choix de la forme juridique (entreprise individuelle, SARL, SEL, SNC, etc.) impacte le montant des charges sociales, le résultat et donc les taux d’imposition ;
  • la décomposition du chiffre d’affaires par activité selon les taux de TVA (4 taux en vigueur dans les métiers de la santé) ;
  • le taux de marge commerciale ;
  • la masse salariale ;
  • le  » crédit fournisseurs « , il représente entre 31 et 38 jours d’achat TTC ;
  • les « créances clients  » liées à la pratique du tiers payant, environ 8 jours de chiffre d’affaires TTC ;
  • le besoin en fonds de roulement, environ 10 jours de chiffre d’affaires TTC.

Le plan de trésorerie

Le plan de trésorerie, ou budget comptable prévisionnel est indispensable pour piloter efficacement l’achat d’une officine, mais aussi sur toute sa durée de vie. Il reflète la santé financière d’une entreprise et permet d’anticiper les flux de trésorerie (entrées et sorties d’argent).

La trésorerie d’une entreprise et capitale, et ce dès son acquisition, pour plusieurs raisons :

  • déterminer la capacité à payer les fournisseurs ;
  • permettre de faire face aux imprévus ;
  • financer un bien ou un équipement ;
  • déterminer le montant de découvert bancaire autorisé ;
  • piloter le développement de son activité : c’est un outil d’aide à la décision (politique d’achat, répartition des dépenses, gestion des stocks de médicaments, etc.) ;
  • négocier les délais de paiement avec les fournisseurs, notamment les grossistes. Une bonne trésorerie permet de raccourcir les délais de paiement et d’obtenir en contrepartie des remises.

Pour établir un outil pertinent et efficace, quelques règles sont à respecter.

  1. Etre précis et s’appuyer sur des données calculées et vérifiées, pas sur des estimations  » à la louche « .
  2. Etre exhaustif : certaines dépenses amortissables sont à supporter au moment même de l’achat de l’officine, comme le stock de médicaments et les frais d’inventaire, les frais de la transaction de cession (commission de négociation, frais d’acte et de formalités, frais d’acte de prêt et d’hypothèque, frais relatifs à la rédaction ou à la modification du bail), loyer, licenciement, contrat d’assurance, etc.
  3. Savoir estimer le chiffre d’affaires pour l’année à venir, sa marge et ses charges. Pour l’acquisition d’une officine, il convient de s’appuyer sur les 2 dernières années d’activité du vendeur.
  4. Actualiser le plan de trésorerie dans le temps, car les charges peuvent diminuer ou des crédits arriver à échéance.

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